ALPHABET SINGHALAIS
L’alphabet singhalais dérive du grantha, une écriture ancienne qui était prévalente dans le sud de l’Inde. On suppose que le grantha a évolué de la brāhmī, une autre écriture ancienne de l’Inde.
Le singhalais était autrefois écrit sur des feuilles de palmier. Celles-ci se fendent le long des nervures si l’on trace en ligne droite, ce expliquerait la forme arrondie des lettres singhalaises.
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Le singhalais utilise un alphasyllabaire : chaque consonne porte la voyelle inhérente a sauf si celle-ci a été remplacée par une autre voyelle ou supprimée par un symbole spécial.
Un phonème (son) peut être représenté par plusieurs graphèmes (lettres), mais un graphème ne peut être prononcé que d’une seule manière, sauf quelques exceptions. Cela signifie que la prononciation d’un mot en singhalais est presque toujours claire d’après sa forme orthographique.
Le singhalais s’écrit de gauche à droite. Il n’y a pas de majuscules.
Lettres
Les lettres singhalaises sont classées en deux ensembles :
- l’alphabet śuddha siṁhala (singhalais pur, ශුද්ධ සිංහල) ;
- l’alphabet miśra siṁhala (singhalais mixte, මිශ්ර සිංහල).
Le śuddha siṁhala est l'alphabet de base et comprend les principaux graphèmes de l’alphabet ; il suffit à représenter tous les phonèmes de cette langue.
Le miśra siṁhala inclut ‒ en complément de l'alphabet de base ‒ des graphèmes utilisés pour écrire les mots empruntés à d’autres langues, principalement le sanskrit et le pāli. L’utilisation de ces lettres supplémentaires est avant tout une question de prestige. D’un point de vue purement phonémique, il n’y a aucun avantage à les utiliser, et elles peuvent être remplacées par des lettres śuddha.
Voyelles
Les voyelles prennent deux formes : la forme indépendante est utilisée lorsque la voyelle ne suit pas une consonne, comme au début d’un mot ; la forme diacritique est utilisée lorsqu’elle suit une consonne.
En fonction de la voyelle, le diacritique peut s’attacher à divers endroits de la consonne. Ainsi, le diacritique pour ඉ i s’attache au-dessus de la consonne, le diacritique pour උ u s’attache en dessous, le diacritique pour ආ ā suit la consonne, tandis que le diacritique pour එ e la précède. Enfin, ඔ o est composé de එ e qui précède et de ආ ā qui suit.
Le tableau ci-dessous récapitule les voyelles de l’alphabet singhalais dans leurs formes isolée et diacritique lorsque attachée à la première consonne de l’alphabet, ක ka.
La translittération en caractère latin utilisée est la norme ISO 15919. La transcription phonétique des sons (entre crochets dans le tableau) est donnée en alphabet phonétique international (API).
Les voyelles grisées sont peu fréquentes et appartiennent à l’alphabet miśra.
En translittération, les voyelles longues sont marquées par un macron : ā, ǣ, ī, ū, ē, ō. L’API note les voyelles longues par l’ajout du symbole ː, [aː], [æː], etc.
Les diacritiques pour උ u et et ඌ ū prennent des formes différentes selon la consonne à laquelle ils s’attachent. La forme la plus courante est représentée sur l’image de droite pour ප pa. La forme pour ක ka est utilisée pour certaines consonnes se terminant par le coin inférieur droit : ක ka, ග ga, ත ta, mais non න na ou හ ha. Les combinaisons avec ර ra ou ළ ḷa sont irrégulières.
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Suppression de la voyelle inhérente
La voyelle inhérente peut être supprimée par un diacritique spécial, ්. Appelé hal kirīma (හල් කිරීම), ce diacritique prend deux formes selon la consonne à laquelle il s’attache. Ces deux formes sont représentées en rouge dans l’image ci-contre. La première est la plus courante, tandis que la seconde est utilisée pour les lettres se terminant dans le coin supérieur gauche.
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Consonnes
Le tableau ci-dessous récapitule les consonnes de l’alphabet singhalais avec leur translittération et leur phonétique (entre crochets). Les consonnes sur fond vert sont les plus fréquentes et appartiennent pour l’essentiel à l’alphabet śuddha. Les consonnes sur fond blanc sont rencontrées moins fréquemment, quant à celles en gris, elles sont très rares.
Consonnes prénasalisées
Les consonnes prénasalisées ressemblent à leurs équivalents ordinaires. ඹ m̆ba [ᵐba] peut être vu comme une combinaison de la moitié gauche de ම ma et de බ ba. Les trois autres consonnes prénasalisées s’écrivent comme le graphème de base préfixé d’un petit arc de cercle tombant :
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Consonnes liées
Dans certains cas, les groupes de consonnes sont écrits en joignant les graphèmes plutôt qu’en utilisant le hal kirīma. C’est généralement le cas des emprunts au sanskrit. Lorsqu’ils sont ainsi réunis, tous les éléments à l’exception du dernier perdent leur voyelle inhérente et la combinaison s’écrit d’un seul trait. Par exemple :
Symboles spéciaux pour ර ra
Le ර ra peut s’écrire en diacritique dans certains cas, bien que la tendance actuelle soit d’écrire les mots avec la lettre complète ර ra.
ර් r suivant une consonne sans voyelle inhérente est remplacé par un arc inversé en dessous de cette dernière.
Un ර් r précédant une consonne est remplacé par une boucle au dessus :
Symbole spécial pourය ya
ය ya qui suit immédiatement une consonne sans voyelle inhérente peut être rendu par le symbole ්ය (la moitié droite de la lettre ය).
binduva ං
Ce signe, appelé communément binduva (zéro), est un phonème de nasalisation transcrit ṁ et prononcé [ŋ]. En français, on ne retrouve ce son que dans les mots empruntés à l’anglais, comme camping [kɑ̃piŋ].
Le binduva se retrouve dans le nom même de la langue singhalaise : සිංහල siṁhala [ˈsiŋhələ].
Prononciation de la voyelle අ a
අ est prononcé [a] :
- dans la première syllabe d’un mot. Par ex. : මම mamə
- à la suite de හ් h si le හ් est précédé d’un අ a. Par ex. : දහය dahayə ; ගහ gaha
- lorsqu’il est immédiatement suivi d’une consonne double ou un groupe de consonnes. Par ex. : නවත්තනවා navattənəva
- lorsqu’il précède immédiatement la consonne finale du mot ou යි yi, à l’exception des emprunts à l’anglais. Par ex. : ටිකක් ṭikak ; හොඳයි hon̆dayi. Mais ටිකට් ṭikəṭ (emprunt à l’anglais ticket)
අ est prononcé [ə] (schwa, ou e muet, comme dans devoir [də.vwaʁ]) :
- dans la première syllabe de la base verbale කර kərə (faire) et ses formes conjuguées කල kələ et කරපු kərəpu
- dans toute syllabe ouverte non initiale (c.-à-d. lorsqu’elle n’est pas suivie immédiatement par une consonne double ou un groupe de consonnes ou හ ha). Par ex. : ගමන gamənə ; බලනවා balənəva mais බලන්න balannə (suivi d’une double consonnes).